La tournée

La tournée commence tôt en général et en musique, mais elle peut durer jusque tard dans la soirée. Car sur les plateaux ardéchois les routes sont sinueuses et les existences qu’on y mène aussi, et solitaires souvent. Le nouvel infirmier part alors à la rencontre de ses patients, veuves d’agriculteurs, vieux punk, néos ou son père, croquemitaine en fin de course, qui veut forcer son fils à « l’aider à mourir ». Rien de moins vivant pourtant que cette tournée, où chaque rencontre est aussi l'occasion de réfléxions et d'échanges autour de sujets impensables, la maladie ou la fin de vie.

Premier roman d’une belle franchise, chaleureux, avec une robe délicate et surtout de la structure. Car si le fond est grave, la Camarde rodant partout dans ces beaux paysages, le mot n'est jamais trop haut, à l'image du narrateur. Il est un de ces trop rares "hommes ornythorinques », préférant la sympathie à l'empathie, aimant le vagabondage dans les marges et goûtant les différences plus que les normes. Cet ancien libraire, qui a voulu "réinventer sa vie pour rester vivant", (christian Bobin), sait mieux que personne nous chanter les liens délicats du livre et du soin.